Quel est votre parcours professionnel ?
D’origine thaïlandaise, je suis arrivée en France en tant que fille au pair en 2009. J’ai cherché ma voie pendant quelque temps en me formant à différents métiers : j’ai notamment obtenu un CAP pâtisserie au CFA de Salon-de-Provence et un CAP cuisine à l’AFPA d’Istres.
Puis, je suis tombée enceinte et j’ai décidé de me consacrer à ma vie de famille. En 2018, j’ai décidé de reprendre mes études pour valider un master II en traduction. Une fois mon diplôme en poche, je me suis lancée pour la première fois dans l’entrepreneuriat en tant qu’interprète. J’ai travaillé à l’Alliance française de Bangkok, à l’hôpital Samitivej Srinakarin en tant que traductrice pour les touristes français hospitalisés et j’ai effectué diverses missions d’instructrice en langue française.
Depuis toujours, je gardais dans un coin de ma tête un projet qui me tenait à cœur, celui d’ouvrir un salon de massage thaïlandais. Mais la profession à une image négative qui était pour moi un réel obstacle et je ne me sentais pas prête à l’affronter étant plus jeune. En 2022, des évènements personnels ont marqué ma vie et je me suis sentie prête à me lancer dans cette aventure et à redorer l’image du salon thaïlandais traditionnel en France.
Je suis retournée en Thaïlande pour apprendre le métier pendant plusieurs mois. J’ai effectué une première formation à « The union of thaï traditional medicine society ». Puis, une seconde au « Watpho thaï traditional medical and ayuravate association », l’une des plus célèbres écoles de Thaïlande, fondée en 1962. Après avoir obtenu mes diplômes, je suis rentrée en France et j’ai commencé a pratiquer avec une amie déjà installée à Martigues, puis, à Istres en proposant des massages à domicile pour enfin ouvrir mon salon de massage en juin 2023.
Votre leitmotiv est de redorer l’image du massage thaïlandais. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, l’image a été quelque peu ternie par rapport à une certaine forme de pratique et de tourisme parallèle en Thaïlande. Mais, contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, le massage thaïlandais, que l’on appelle aussi le Nuad thaï, est un art millénaire importé d’Inde, il y a plus de 2500 ans. C’est une pratique qui a été classée au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2019, considérée comme faisant partie de l’art, de la science et de la culture des soins thaïlandais traditionnels.
Le Nuad thaï tire son origine de soins personnels appliqués par le passé par la société paysanne thaïlandaise. Chaque village disposait alors de masseurs-guérisseurs que les villageois consultaient pour leurs problèmes musculaires, dus au travail dans les champs.
En Thaïlande, le massage thaï fait partie intégrante de la culture du pays et est même dispensé dans les hôpitaux du royaume. Pressions avec les pouces, coudes, genoux et pieds, étirements, contorsions : les futurs masseurs apprennent une multitude de point de pression (jusqu’à 70 000) et d’étapes parfaitement orchestrées sur dix lignes énergétiques du corps.
Mon principal objectif est de corriger cette image controversée et d’inculquer les principes du vrai massage thaï traditionnel en France.
Quels sont les différents types de massages que vous pratiquez ?
Avant chaque massage, je réalise une courte prière adressée à Shivago, le père fondateur du massage thaïlandais. C’est une façon de me concentrer et de vider mon esprit avant de commencer la séance. Il faut que je sois en pleine forme physique et dans un bon état d’esprit car je dois rester connecter avec le client pendant toute la séance pour lui apporter le meilleur soin bien-être. Il faut également savoir que le massage thaï est très « sportif » et donc fatiguant pour le masseur.
Je propose une dizaine de prestations : du massage thaï traditionnel en passant par le massage prénatal, le massage du nourrisson et de l’enfant ou bien encore le massage aux huiles essentiels.
Le massage thaï traditionnel se pratique habillé. Il allie précision et force des appuis. Il permet une détente profonde et relance l’énergie totale du corps. On y retrouve des étirements et des points de pressions. Il mélange la réflexologie, les étirements, la digitopuncture et l’acupression.
J’aime aussi pratiquer les massages aux pierres chaudes qui apportent une relaxation très profonde et intense. La chaleur est libérée par les pierres volcaniques utilisées. Cette technique combine le massage thaïlandais aux huiles et à l’acupression avec pierres. J’aime aussi associer les pierres froides comme le marbre. Cela permet de trouver le bon équilibre : à certains endroits le corps a besoin que la température soit augmentée, et, à l’inverse, sur certaines zones, la température doit être baissée.
L’essentiel pour moi est de m’adapter au mieux aux besoins de la personne et de proposer un suivi personnalisé.
Vous parlez de suivi personnalisé. Que proposez-vous ?
En effet, en Thaïlande, le massage thaï est issu des soins thaïlandais traditionnels et le suivi de la clientèle est très poussé. Je veux, dans ma pratique, proposer également un suivi personnalisé. Avant le premier rendez-vous, un bilan est établi afin que j’identifie les besoins et les problématiques du client. A la fin de chaque séance, je complète une fiche de suivi où j'enregistre les pratiques réalisées : quels sont les points de pressions qui ont été pratiqués et qui ont fonctionné ? Quelle huile a été utilisée ? Quel type d’intensité du massage a été apprécié ? Etc.
L’objectif est de fidéliser ma clientèle. Je veux que la personne revienne dans mon institut parce qu’elle s’y sent à l’aise et en confiance. Je propose également un programme de fidélité qui permet d’obtenir une séance offerte au bout de dix passages.
Je veux professionnaliser au maximum cette activité. C’est au travers de toutes ces bonnes pratiques et en communiquant efficacement sur la culture thaïlandaise et ses traditions que je gommerai l’image négative associée au massage thaï.
Vous avez abordé votre stratégie de communication. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Tout a été réfléchi dans les moindres détails. Par exemple, le nom de mon institut de massage « Thaitip » est aussi le nom de l’entreprise créée par mon père en Thaïlande, qui est maintenant dirigée par mon frère. C’est un clin d’œil, pour lui rendre hommage.
Quant à mon logo, j’y ai longuement réfléchi afin qu’il représente les valeurs que je souhaite transmettre. Je l’ai entièrement dessiné à la main, puis, il a été travaillé informatiquement par un graphiste. Il représente une feuille issue de l’arbre de la Bodhi (le ficus religiosa, l’arbre de Bouddha). Au cœur de cette feuille, on retrouve un éléphant qui est l’animal le plus vénéré en Thaïlande car il incarne la prospérité. Enfin, une fleur de frangipanier, traditionnellement utilisée en décoration dans l’univers du massage, vient illuminer mon logo.
Site Internet, carte de visite, carte cadeau, goodies mais aussi accessoires et tenues de massage : j’ai personnalisé au maximum mes supports de communication et mes outils professionnels. Mes prestataires partenaires sont sélectionnés avec soin dans une démarche éco-responsable. Par exemple, mes bons cadeaux sont réalisés à partir de feuilles de ficus religiosa récoltées à la main, puis, dorées et imprimées par un entrepreneur local engagé en Thaïlande.
Pour mes produits de massage, comme les huiles, j’essaie au maximum de trouver des partenaires locaux. Je suis en contact actuellement avec producteur d’huile de CBD installé à Saint-Rémy-de-Provence.
Que vous a apporté le réseau Initiative Ouest Provence ?
Initiative Ouest Provence m’a accompagné financièrement en m’octroyant un prêt d’honneur à taux zéro de 3 000 €. Cela m’a permis de financer ma trésorerie et d’investir dans du matériel pour mon salon.
En parallèle, j’ai suivi de nombreux ateliers proposés par l’association : Instagram, Facebook, fiche d’établissement Google, communication, etc. Les thématiques sont très variées et permettent d’aborder de nombreuses problématiques qu’un entrepreneur peut rencontrer. L’objectif est d’être plus efficace dans toutes les actions qu’un chef d’entreprise doit mener.
J’ai pu également réaliser des connexions avec d’autres entrepreneurs qui se sont lancés en même temps que moi dans le domaine du bien-être : aromathérapeute, masseur, coach de vie, etc. J’ai tissé de belles relations et même des partenariats professionnels.
Quels sont vos projets d’avenir ?
Je suis actuellement installée dans le quartier des Baumes à Istres où je partage la salle d’attente d’Adrien Sisilia, ostéopathe. Mais, mon objectif est d’ouvrir un institut plus grand où je pourrai proposer des massages en duo et un espace bien-être avec jacuzzi, hammam, sauna.
Enfin, je souhaiterais développer un service de conseil et formation pour les personnes qui souhaitent ouvrir des salons de massage thaïlandais en France. Une sorte de label et surtout un point de repère pour tous les auto-entrepreneurs qui veulent se lancer dans cette activité.
Thaitip Massage
3 Rue de Fontcouverte, 13800 Istres
06 16 73 61 75
