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Philippe et Emma Cremona, originaires de Corse et professionnels de la restauration, ont passé de nombreuses années à enchaîner les saisons entre l'île de Beauté et le continent. En quête d’un cadre de vie proche de leurs racines, ils s'installent dans le charmant village de Cornillon-Confoux et tombent sous le charme du restaurant le Beffroy, qu'ils décident de reprendre. Aux côtés de leur chef cuisinier, David, ils revisitent la carte en mettant en avant des classiques de la cuisine provençale, tels que la véritable daube ou des alouettes farcies. Ils y ajoutent également des spécialités corses, comme l’assiette de charcuterie, la soupe traditionnelle et des vins locaux. Leur ambition est de proposer une cuisine authentique, dans un cadre chaleureux et avec un service soigné.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a poussé à vous orienter vers la restauration ?

 Mon parcours est un peu particulier. Après avoir obtenu un Bac +2 en génie civil, je me suis rendu compte que ce n'était pas la voie qui me passionnait. À 20 ans, j’ai décidé de changer radicalement de direction et de me tourner vers la restauration, un domaine qui m’attirait depuis toujours. J'ai donc passé un CAP de chef de rang en Corse, ma région d'origine. Ensuite, j'ai alterné les saisons entre Aix-en-Provence et Porto-Vecchio pendant deux ans.

Cela m’a permis d’acquérir une expérience précieuse en restauration, notamment sur l’aspect du service en salle, les relations avec les clients et une bonne compréhension des exigences du secteur. Par la suite, nous nous sommes installés à Aix-en-Provence avec mon épouse Emma, et pendant plus de dix ans, nous avons travaillé ensemble dans ce domaine, avant de prendre un peu de recul et de nous diversifier.

Vous avez effectivement pris une pause de la restauration pendant un certain temps. Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir dans ce domaine après plusieurs années ?

 Après avoir quitté la restauration, j’ai occupé un poste de directeur du développement dans un organisme de formation. Cela m’a permis de gérer la partie commerciale, marketing et communication. J'ai beaucoup apprécié ce rôle, mais en tant que commercial, je n'avais pas le même contact humain qu'en salle. La restauration, c’est un lien particulier avec les gens et cette interaction directe avec les clients m’a manqué.

Mon épouse, Emma, a choisi de devenir aide-soignante. Cependant, au bout de quelques années, le retour à la restauration est devenu une évidence. Nous avons donc décidé de revenir à ce que nous savions faire le mieux, tout en créant quelque chose à nous, un projet commun.

Pourquoi avoir choisi Cornillon-Confoux et plus précisément le restaurant Le Beffroy ?

Cornillon-Confoux a été une véritable révélation pour nous. Notre famille a emménagé ici, et, un jour, nous nous sommes retrouvés à la terrasse de ce restaurant et nous avons réalisé que nous étions en train de tomber amoureux du village, qui me rappelait beaucoup la Corse.

Il faut dire qu’Emma et moi étions en quête d’un lieu de vie différent, loin du tumulte des grandes villes. J’ai toujours voulu que ma fille grandisse dans un environnement paisible, avec de l’espace, proche de la nature, des traditions et loin des écrans. Cornillon-Confoux nous offrait tout cela : un cadre de vie parfait. C’est donc là que nous avons décidé de nous installer dans la maison juste en face du restaurant Le Beffroy.

Naturellement, ce restaurant est devenu un lieu que je fréquentais régulièrement, notamment pour jouer à la contrée le matin ou pour prendre un verre après le travail. J’ai tout de suite eu un coup de cœur pour cet établissement. Le cadre, avec ses voûtes, ses pierres apparentes et sa cheminée, ce côté authentique, simple et chaleureux, m’a fait me sentir chez moi. Alors, quand le propriétaire, qui menait de front deux activités (restaurateur et maréchal-ferrant), m’a proposé de me vendre le restaurant, l’idée a rapidement fait son chemin.

Vos origines corses influencent-elles votre vision de la restauration et votre offre au Beffroy ?

Certainement. Quand nous avons revisité la carte, nous avons mis l'accent sur des plats traditionnels comme la véritable daube provençale, les alouettes façon grand-mère ou encore la tête de veau sauce ravigote. Bien évidemment, nous avons intégré des spécialités corses dans notre offre : l’assiette de charcuterie, la soupe traditionnelle et des vins locaux. Nous travaillons exclusivement avec des produits de qualité pour faire découvrir des saveurs authentiques.

Mais il n’y a pas que les plats qui comptent. Dans un environnement où la qualité du service se perd souvent, nous avons décidé de vraiment remettre l’accent sur ce côté humain, ce rapport direct avec les clients. Nous voulons que chaque client se sente chez lui, qu’il soit un habitué ou non. L’objectif est de redonner aux clients cette expérience unique d’un service soigné, attentionné et professionnel.

Aujourd'hui, comment se passe la gestion du restaurant ?

Nous avons été heureux de constater que les habitants du village étaient ravis de voir des jeunes reprendre ce restaurant. Le village avait besoin de nouveaux projets et d’une dynamique, surtout après la fermeture de certains commerces comme la boulangerie.

Aujourd’hui, tout va pour le mieux et nos objectifs ont même été dépassés. Nous avons mis en place une organisation solide : Emma s’occupe du bar et moi de la salle. Et nous sommes accompagnés de David, un excellent chef cuisinier qui est un véritable atout pour le restaurant. Il est également actionnaire à hauteur de 50 % dans l’entreprise.

Nous avons revu nos horaires et jours d’ouverture. Nous accueillons notre clientèle dès 8h30 pour un petit déjeuner gourmand avec des boissons chaudes, des jus de fruits et des viennoiseries. En fin d’après-midi, le bar devient un lieu incontournable pour des apéritifs en famille ou entre amis. Nous avons d’ailleurs développé une belle carte de cocktails "Spritz" et des tapas à partager. Enfin, nous sommes maintenant ouverts le dimanche soir.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées lors de la reprise du restaurant, notamment en termes de financement ?

Le principal frein a été, sans aucun doute, le financement. Les banques étaient réticentes, surtout compte tenu de l’emplacement du restaurant, dans un petit village. De plus, elles considéraient la restauration comme un secteur à risque. J’ai dû faire face à plusieurs refus. Pourtant, je suis arrivé avec 75 % d’apports et j’ai travaillé avec Sophie Mghachou d'Initiative Ouest Provence pour élaborer un business plan solide et un prévisionnel détaillé.

Cela a été un véritable défi mais j’étais déterminé. Nous avons finalement réussi à convaincre une banque en présentant des garanties solides. Je pense qu’avoir un projet bien structuré et savoir expliquer en détail comment attirer la clientèle est essentiel lorsqu’on cherche un financement.

Auriez-vous un autre conseil à donner aux jeunes entrepreneurs qui se lancent ?

Je dirais qu’il faut être bien préparé et ne pas hésiter à prendre des risques calculés. Ne jamais sous-estimer les frais imprévus et toujours prévoir une marge de sécurité. Aussi, il faut absolument savoir s’entourer des bonnes personnes, qu’il s’agisse de conseillers ou de partenaires et surtout ne pas se décourager face aux difficultés. Si vous avez un projet solide et que vous y croyez, vous pouvez surmonter presque tous les obstacles.

Quels sont vos projets pour l'avenir du restaurant ?

Nous avons plusieurs projets. L’un de nos objectifs à court terme est de faire de notre restaurant une véritable référence dans la région. Nous voulons également renforcer notre présence sur internet en améliorant notre référencement et en mettant en place des actions de communication telles que de l’emailing ou du phoning pour attirer plus de groupes, notamment via les tours opérateurs.

À moyen terme, nous espérons obtenir le label "Bistrot de Pays" et participer à l’ascension de Cornillon-Confoux dans la liste des "Plus Beaux Villages de France". Cornillon-Confoux est un village provençal rempli de charme : de l’église Saint-Vincent aux lavoirs historiques, en passant par les bories et le Château du Lys, chaque coin raconte une histoire unique.

Enfin, nous souhaitons développer notre carte des glaces pour la période estivale afin d’attirer encore plus de touristes et nous lancer dans de beaux projets événementiels avec des soirées à thème.

Restaurant Le Beffroy
Place de l’église – Cornillon-Confoux
Ouvert le mardi de 8h30 à 15h00 et de 18h à 22h00, le mercredi de 8h30 à 15h00 et du jeudi au samedi de 8h30 à 22h00
04 90 50 47 71 / 06 10 40 48 62
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Crédit photo : Ludivine Rambaud