Quels sont vos parcours professionnels respectifs ?
Nous avons tous les deux travaillés de nombreuses années dans l’aéronautique sur des projets de fabrication d’appareils gouvernementaux de défense et d’hélicoptères. En tant que sous-traitant de l’entreprise, nous avons intégré un plan de départ volontaire lors de la crise sanitaire liée au Covid.
C’était une opportunité car nous avions envie de découvrir de nouveaux horizons professionnels depuis quelques temps. Via ce dispositif, nous avons bénéficié d’un accompagnement à la création d’entreprise et d’un maintien de nos salaires pendant un an pour nous aider à la construction de notre projet. En parallèle, notre ancien employeur a financé nos formations en zythologie.
Nous savions que nous étions complémentaires et que nous ferions un bon duo en tant que chefs d’entreprise. La gestion de l’établissement sur le terrain et le management des salariés pour Félix, la partie administrative et les relations fournisseurs pour Vincent : les missions étaient prédéfinies en fonction des qualités et des appétences de chacun.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la formation que vous avez suivie ?
Nous avons été formés pendant six mois à l’I.F.C.O de Marseille (L’institut spécialisé dans la formation professionnelle des métiers de la vigne, du vin et de la bière) et nous avons validé un DU en zythologie en 2021. Le zythologue est un professionnel de la bière et de sa dégustation. Comme un sommelier, il sélectionne des bières et conseille ses clients via des dégustations. Et comme un oenologue il maîtrise les étapes des processus de fabrication, principalement l’étape de brassage.
Cette formation nous a beaucoup aidé sur l’aspect commercial : nous avons été formés aux techniques de vente et à la gestion des fournisseurs. Nous avons également appris à travailler le merchandising d’un magasin et à mettre en oeuvre un plan de communication efficace.
Avant d’intégrer cette formation, notre projet initial était de créer un site e-commerce dédié à la bière afin de vendre des produits artisanaux issus des différentes régions de France. Mais, lors de nos différents stages, notamment au Lapsuce de Pertuis et à La route des bières de Cabriès, nous avons compris que ce qui était le plus important pour nous était le contact avec la clientèle. Nous avons donc revu notre projet en nous orientant vers un bar à bière.
Vous avez réalisé une étude de marché avant de vous lancer ?
Oui, et celle-ci nous a conforté dans notre choix d’ouvrir un bar à bière plutôt qu’un site de vente en ligne. Nous avons constaté qu’il y a eu une réelle explosion du nombre de brasseries artisanales en France permettant de commercialiser un panel de bières très complet, aux couleurs et aux saveurs étonnantes. Les réseaux de distribution se développent que ce soit en grande surface ou via des commerces dédiés.
Nous avons aussi analysé les comportements d’achat qui ont évolué depuis la crise sanitaire : le besoin de rencontres sociales et de connexion était encore plus marqué. Dans ce contexte, un bar à bière avait toute sa place.
Vous avez ouvert votre établissement via une licence de marque. Quels sont les avantages ?
En effet, un contrat de licence de marque a été signé avec Le Laspuce. Celui-ci a de nombreux avantages. Tout d’abord, nous ne voulions pas partir d’une page blanche... Avec le Lapsuce, nous avions un concept clé en main avec une image de marque déjà définie et une notoriété locale établie. Quatre établissements sont à présent ouverts à Pertuis, Mandelieu la Napoule, Istres et Manosque.
Le Lapsuce, c’est aussi un réseau de partenaires qui se conseillent et qui partagent des bons plans. Nous avons beaucoup appris de l’expérience des gérants du bar de Pertuis, ouvert depuis plus de trois ans. C’est très important car, par exemple, la recherche de fournisseurs prend beaucoup de temps et nous pouvons nous entraider. Nous ne référençons pas les bières de la grande distribution, alors, la recherche de la perle rare prend plus du temps !
Autre avantage : nos établissements sont indépendants les uns des autres. Nous gérons nos fournisseurs, tarifs, horaires et évènements comme nous le souhaitons. Rien n’est imposé par la marque. Il y a, bien sûr, des royal tease à verser mais celles-ci sont cinq à six fois moins chères que pour une franchise.
Quels sont les produits que vous commercialisez ?
Il faut savoir qu’il y a plus de quatre cents styles de bières dans le monde et de nouvelles variétés se créent chaque année ! A notre échelle, nous proposons un large choix avec près de cent-cinquante références de bières blondes, blanches, brunes, ambrées, IPA, DIPA, au malte ou au houblon… Des saveurs variées en fonction du type de production et du terroir.
Nous privilégions la bière d’origine française qui représente 80% de nos références. Et nous attachons une grande importance à proposer des bières locales. Par exemple : La Petite Aixoise de Saint-Cannat, Bulle de Provence de Puyricard et des bières de la Brasserie de Sulauze. Nous commercialisons également des bières allemandes, belges, des pays de l’Est, du Canada et des Etats-Unis.
Pour ceux qui ne boivent pas d’alcool, nous avons une sélection de bières artisanales à 0% dont les saveurs se rapprochent de la bière traditionnelle. Et, pour les plus experts, nous proposons des bières d’exception, vieillies en cuve dans des fûts en bois avec une fermentation naturelle. Il y en a vraiment pour tous les goûts !
Pour accompagner nos bières, nous préparons des planches de fromages et de charcuteries composées de jambon cru, saucisson, tomme de vache ou fromage de chèvre. Ce sont des produits artisanaux, de qualité. Nous travaillons aussi en collaboration avec le food truck O Camion Rouge qui propose de très bons burgers le jeudi et le vendredi soir.
Et vous avez un mode de conservation spécifique ?
Nous conservons nos bières à température ambiante, mais, pour les plus houblonnées qui sont sensibles à la chaleur et à la lumière nous disposons de réfrigérateurs. La canette est d’ailleurs le meilleur contenant pour ce type de bière car elle ne laisse passer aucun UV et permet de conserver la fraîcheur. Depuis quelques années, les marques aiment travailler leur packaging et jouer sur les graphismes. Le visuel influence notre ressenti alors ce n’est pas étonnant que l’on ait parfois la sensation de trouver meilleure une jolie bière avant même de l’avoir gouté ! C’est pour cette raison que de nombreux brasseurs cherchent à se démarquer via leurs designs et ça fonctionne : certains de nos clients sélectionnent leur bière selon le graphisme de la canette !
Enfin, nous avons un comptoir de treize mètres de long avec seize références de bières pression. Elles sont stockées en chambre froide dans des fûts à poche ou en inox. C’est ici que l’on peut régler la pression en fonction du type de bec et du type de fût. Nous sommes fiers de dire que très peu de bars sont équipés comme nous en France ! C’est un investissement financier important mais cela permet de conserver toutes les bières à trois degrés et de respecter le produit, du stockage jusqu’au moment de la dégustation.
A quand la bière « Le Lapsuce » ?
Nous avons déjà commercialisé la « Very Bad Triple » une bière brassée exclusivement pour le bar et nous venons de lancer la seconde cet été ! C’est une bière blonde à la saveur mojito accompagnée de menthe fraîchement coupée, de rondelles de citron et une touche de rhum, créée en collaboration avec la brasserie Blue Coast à Nice. Nous l’avons appelé la « Very Tot ». Si l’occasion se présente, nous aurons plaisir à créer une bière « Le Lapsuce » commercialisée en canette.
Comment faites-vous vivre votre établissement ?
Nous avons la chance d’avoir un très grand local avec une capacité d’accueil de trois cents personnes comprenant un bel espace intérieur de 280 m² et une grande terrasse ensoleillée.
Notre calendrier évènementiel est bien rempli avec toutes les fêtes nationales dont l’incontournable Saint-Patrick. Nous organisons aussi des évènements hebdomadaires : le jeudi est dédié aux DJ et le vendredi aux groupes pour de supers concerts.
Nous privilégions les artistes de la région comme Arucci, Alex Mil’s, Hors Limit, Fast and Furious pour ne citer qu’eux. Nous avons accueilli une cinquantaine d’artistes depuis l’ouverture et nous sommes très sollicités : nous recevons une douzaine de demandes par semaine pour jouer sur la scène du Lapsuce !
Notre communication se fait principalement sur les réseaux sociaux (Instagram et Facebook) et sur des écrans lumineux installés dans différents endroits clés de la ville. C’est une communication efficace pour nos évènements.
Le Lapsuce fêtera son premier anniversaire le 29 septembre 2023. Au programme : cracheur de feu, lancer de hache, concert et pleins d’autres surprises. Cet évènement sera ouvert à tous, sans réservation. Nous comptons sur nos clients fidèles pour mettre l’ambiance !
Et si vous deviez qualifier votre clientèle ?
C’est la meilleure du monde ! Elle est très hétéroclite : on y retrouve des personnes qui souhaitent se détendre après une longue journée de travail, des amis, des parents avec leurs enfants et des retraités.
C’est vraiment l’ambiance que nous souhaitions : familiale et très décontractée ! Le fait de ne pas proposer d’alcool fort et de fermer l’établissement à 23h00 y joue beaucoup. Nous misons surtout sur le concept « Afterwork » plutôt que « Pub » et les clients adhèrent à 100%. Nous avons d’ailleurs de très bons avis sur Google.
Quels sont vos projets d’avenir ?
L’objectif premier est de faire prospérer notre bar. Pour cela, nous avons embauché deux salariés en septembre 2022. Ils sont sérieux et prêts à s’investir dans l’entreprise. Ils étaient novices dans l’univers de la bière et notre objectif est de les former sur le terrain afin qu’ils deviennent des pro de la zythologie. Dans cette optique, nous envisageons aussi de partager nos connaissances avec le grand public en proposant des cours et en réalisant des modules sur la bière.
Nous avons aussi pour mission de développer la licence de marque « Le Lapsuce » dans les Bouches-du-Rhône et, pourquoi pas, ouvrir un second établissement !
Le Lapsuce
22 rue Joseph Thoret, Istres
Ouvert du lundi au mercredi de 16h00 à 23h00
Et du jeudi au samedi de 11h00 à 23h00
Téléphone : 04 90 73 69 66
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Crédit photo : Ludivine Rambaud
