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C’est après un voyage en Polynésie Française et une remise en question de sa vision des choses que Jérémie Saadoun comprend exactement ce qu’il veut retranscrire dans son projet professionnel. En 2023, il se lance dans l’entrepreneuriat en ouvrant Le Pearl à Istres, un bar à rhums et à cocktails créatifs. Son leitmotiv : faire voyager sa clientèle au travers de ses incroyables créations et son ambiance exotique d’inspiration polynésienne. En tant qu’artiste de bar, Jérémie fait le show en jonglant avec les éléments : bouteilles, boston shakers et verres doseurs… un vrai spectacle de mixologie qui offre un agréable moment de dépaysement et de partage dans un cadre convivial.

Vous avez ouvert Le Pearl en décembre 2023. Quelle est la genèse de votre projet ?

Tout a commencé lors d’un voyage en Polynésie Française réalisé en 2022.  Celui-ci a bouleversé ma philosophie de vie et la manière dont je vois les choses. Je voulais faire voyager les gens et les divertir au travers d’un projet professionnel. C’est ainsi que « Le Pearl », bar à rhums et à cocktails est né.

« Le Pearl » fait référence au fruit de l’huître perlière de Tahiti qui est le trésor culturel de la Polynésie Française. La perle produite résulte d’une intervention de la main de l’homme qui va insérer un nucleus à l’intérieur de l’huître. Celle-ci sera ensuite remise à la mer et produira une nacre autour de ce nucleus pour le protéger. C’est un processus fin et complexe qui donnera naissance à la perle que j’avais envie de traduire dans mon projet.  

Le logo quant à lui représente un ananas entrelacé qui est l’emblème de Moorea. Celui que l’on appelle le « Queen Tahiti » est le joyau de l’île. Au cœur du design on y retrouve également le symbole de la perle de Tahiti.

Je voulais que le projet porte du sens et je pense avoir réussi à transmettre certaines valeurs au travers de cette image, de l’ambiance du bar et des créations que je propose.

  

Quelles sont les créations à la carte ?

Il faut savoir que la mixologie est l’art de créer, adapter et revisiter une recette. Mon objectif est de marier des senteurs, les saveurs et les textures. Je propose à la carte une dizaine de recettes que j’ai imaginé et créé en autodidacte. Je travaille principalement à partir de produits frais : des jus de fruits frais pressés et des sirops faits maison.

Je propose une belle offre de cocktails à base de rhums ou d’autres spiritueux. Par exemple, le « Pample poivre » est réalisé avec du gin et le « Casse-noisette » avec de la vodka.

Régulièrement, un cocktail « du moment » est mis à l’honneur. Actuellement, c’est le « Spritz de noël » composé d’une réduction de sirop d’érable, gingembre, épices de noël, calvados, prosecco et tonic.

A la demande, je peux aussi réaliser tous les grands classiques : mojitos, tequila sunrise, margarita, pina colada, etc. et des cocktails sans alcool.

Mon best-seller est le « Manuia » qui signifie « santé » en tahitien. C’est un cocktail à base de saveurs tropicales comme l’ananas et le fruit de la passion. Ce sont des goûts qui font voyager et qui parlent à tout le monde.

Et du côté de la rhumerie ?

Je propose 50 références de rhums. Comme pour le vin, il y a différents cépages en fonction du terroir, donnant des notes aromatiques variées. Il y également diverses manières de le travailler : le vieillissement, la maturation ou le type de fut utilisé joueront sur les saveurs.

Le rhum est produit en majorité dans les Caraïbes où la canne à sucre pousse en abondance. Le « Clément » de Martinique est un incontournable mais le « Phraya » de Thaïlande fait aussi partie des meilleures ventes ! Je propose également de très bons rhums en provenance d’Afrique et de Tahiti.

Votre leitmotiv est de faire voyager votre clientèle ?

En effet, au travers de l’ambiance et des créations j’ai pour objectif de faire voyager ma clientèle.

J’attache une grande importance à l’atmosphère qui règne dans mon établissement. D’inspiration Tiki et Polynésienne, le cadre et à la fois exotique et épuré. Se rendre au Pearl, c'est s’accorder un moment de dépaysement mais aussi de partage dans une ambiance conviviale.

Pour retranscrire cet univers, j’ai dû réaliser beaucoup de travaux. Pour l’anecdote, je n’avais jamais bricolé de ma vie avant de me lancer dans cette aventure ! Et pourtant, j’ai quasiment tout réalisé moi-même avec l’aide de ma famille et de mes amis. Le budget aménagement qui était initialement de 2000 euros a largement été dépassé… Mais l’ambiance tropical chic que j’imaginais dans mon établissement est là ! J’en profite pour partager un premier conseil aux futurs entrepreneurs : il faut toujours prévoir une marge supplémentaire dans le budget prévisionnel….

Le voyage passe aussi par ce que l’on appelle le « flair bartending » qui est le fait de faire le show lors du service. En tant qu’artiste de bar, mon objectif est de créer l’animation en utilisant des bouteilles, des boston shakers, des verres doseurs etc. : je jongle avec les éléments et j’enchaine les mouvements en offrant un spectacle de mixologie.

Ce concept vous distingue de tous les autres établissements que l’on trouve sur le territoire. Comment avez-vous réfléchi à votre implantation ?

Issu d’une formation en école de commerce (un Master 2 obtenu à Kedge Business School  Marseille), j’avais de bons bagages pour réaliser l’étude de marché, le business plan, la  stratégie marketing et l’ univers de marque.

Ayant beaucoup voyagé, je me suis rendu compte à quel point j’avais de la chance de vivre à Istres. Je suis très attaché à ma ville et je voulais m’impliquer davantage en participant au développement évènementiel et économique du territoire. Ouvrir mon entreprise à Istres était pour moi un aboutissement et un honneur.

L’étude de marché a confirmé que la ville pouvait être une opportunité. Aucun bar à rhums n’était installé sur la commune. Alors, effectivement, il y a beaucoup de bars à bières ou vins mais l’offre est complètement différente, voire complémentaire. D’ailleurs, mon voisin, gérant de « O Boulevard des bières », a été ravi de m’accueillir. J’ai reçu beaucoup de soutien de sa part, je peux dire qu’il a été mon mentor sur ce projet. 

Vous parlez du soutien que vous avez reçu de la part de vos pairs. Qui vous a accompagné dans vos démarches ?

Pour la partie financière, j’ai été accompagné par Mylène Dalmau, chargée d’affaires chez Initiative Ouest Provence. Après mon passage en comité d’agrément j’ai obtenu un prêt d’honneur à taux zéro de 10 500 euros. En parallèle, j’ai demandé un prêt bancaire de 18 000 euros au Crédit Agricole. Cela m’a permis de réaliser les travaux nécessaires, acheter mon stock de départ et avoir de la trésorerie.

J’ai aussi été accompagné par mon entourage que ce soit ma famille ou mes amis. Je tiens à souligner que c’est indispensable d’avoir le soutien de ses proches pour se lancer. L’ouverture du bar fut une réelle fierté pour moi comme pour eux car c’est une réussite commune.

Et si vous aviez d’autres conseils à donner aux futurs entrepreneurs ?

Il faut savoir que l’entrepreneuriat est un chemin jalonné d'obstacles. Pour moi, l’un des plus important fut celui lié à l’administratif. Dans le monde du débit de boissons il y a de nombreuses règles à respecter que ce soit pour l’emplacement du local ou bien pour l’acquisition de la licence IV, entre autres. Beaucoup de dossiers sont à monter et à déposer en mairie et en préfecture. Le parcours est assez complexe et peut entrainer des doutes et des questionnements.

Mais il ne faut pas perdre pied, il faut faire preuve de ténacité et ne pas hésiter à se remettre en question. Au travers de ce projet je me suis découvert : je pensais que j’étais fort psychologiquement et que j’étais prêt à affronter toutes les difficultés que je rencontrerai. En réalité, ce n’était pas le cas… mais je suis allé jusqu’au bout de mon idée !

Enfin, il ne faut pas craindre de parler de son idée autour de soi. J’ai fait d’excellentes rencontres en discutant, en demandant des conseils et des avis. Je me suis rendu compte que les personnes autour de moi étaient toujours bienveillantes.

Quel est le bilan de votre premier mois d’ouverture et vos projets à venir ?

J’ai ouvert au public le 14 décembre. Depuis, les retours sont très positifs que ce soit sur les cocktails créatifs et sur l’ambiance. Mon établissement attire beaucoup de curieux car le concept est novateur à Istres. Le bouche à oreille fonctionne très bien, les gens viennent et testent parce qu’ils en ont entendu parler.

L’ouverture a été volontairement discrète. Maintenant, mon objectif est de développer la communication en créant une page Facebook et en me faisant connaître auprès des autres commerçants du centre-ville. Pour cela, j’ai prévu de réaliser des cartes de visite, flyers, affiches, etc.

J’attends les beaux jours pour organiser l’inauguration officielle. Je souhaite créer l’évènement en y conviant mon entourage, les clients, les commerçants et les élus. L’idée est de pouvoir organiser cette soirée en extérieur avec un DJ et une prestation traiteur. Ce sera aussi le point de départ de la saison estivale !

Le Pearl

32 boulevard Painlevé, Istres

Ouvert le mercredi de 18h00 à 23h30, le jeudi de 17h30 à 23h30, le vendredi et le samedi de 17h00 à 0h30.

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Crédit photo : Ludivine Rambaud