Qu’est-ce qui vous a donné envie d’entreprendre ?
Passionné par les chiens depuis toujours, j’avais un magnifique braque allemand marron nommé Prince étant enfant. Je me plaisais déjà beaucoup à lui apprendre des choses : sauter des barrières, monter et descendre une échelle.
Ensuite, j’ai retrouvé le plaisir de ce lien unique avec le chien quand j’ai effectué mon service militaire en tant que maître-chien. J’ai intégré le 132ème bataillon cynophile de Suippes dont la vocation est de former des binômes homme-chien indissociables capables d’apporter un appui spécialisé aux unités d’infanterie. J’ai entrainé Chouan, un berger allemand, et, ensemble, nous avons fait beaucoup de concours inter-armée et nous avons reçu de nombreuses récompenses. A l’issue, j'ai réussi à faire réformer Chouan et à l’adopter pour le reste de sa vie.
Après mon service militaire, je me suis lancé dans une carrière de commercial pendant de nombreuses années. A la suite d’un accident de travail, j’ai dû revoir mes projets. A ce moment-là, ma fille créait son entreprise dans l’éducation canine et nous prenions plaisir à discuter de son activité malgré des points de vue différents sur le métier. Alors, je me suis remis en question et je me suis dit que je voulais me mettre à jour sur certaines notions d’éducation. Avec ses encouragements, j’ai suivi une formation pendant près d’un an pour devenir éducateur canin et ainsi travailler avec elle, en famille. A l’issu de cette formation, j’ai rejoint la grande équipe des éducateurs en positif.
Vous parlez d’éducation en positif, pouvez-vous nous en dire plus ?
Lorsque j’étais maître-chien militaire, l’apprentissage se faisait dans le coercitif : la méthode d’entrainement était basée sur la contrainte c’est-à-dire que l’humain devait dominer l’animal et appliquer des sanctions. Depuis, j’ai découvert que les études d’éthologie concernant l’éducation canine ont mis en lumière de nouvelles techniques et ont fait progresser fortement l’approche d’apprentissage et la compréhension du langage canin.
L’éducation canine en positif, ce n’est pas simplement le fait d’avoir des gourmandises dans sa poche pour récompenser le chien, ça va bien au-delà. Le véritable objectif est de renforcer tous les bons comportements du chien via des techniques spécifiques. A l’inverse, les mauvais comportements seront ignorés. Comme le chien a un intérêt à nous faire dire ce qui est bien parce qu’il sera récompensé à chaque fois, il a plutôt tendance à multiplier les bons comportements. Quant aux mauvais, étant donné qu’ils ne lui rapportent rien, il les annulera de lui-même.
L’éducation positive fonctionne vraiment : ça met le chien en bien-être contrairement au coercitif où l’animal est plutôt en mal-être. L’animal respectera l’humain à la place de le craindre et la relation sera beaucoup plus saine. Cette méthode demande beaucoup d’investissement : j’ai été formé pendant près d’un an à toutes les techniques de l’éducation positive, comportementale, éthologique mais aussi vétérinaire. A la fin de cette formation, j’ai obtenu un brevet professionnel reconnu par l’Etat.
Quel est le parcours éducatif que vous proposez avec cette méthode ?
Je réalise toujours un premier bilan comportemental. Celui-ci dure deux heures au domicile des clients. L’objectif est de savoir ce qui se passe à la maison et comprendre dans quel cadre le chien évolue. J’ai besoin de me rendre compte de la façon dont l’humain fonctionne avec son animal. Pendant ce rendez-vous, j’explique ma façon de travailler en positif, je mets en lumière les besoins fondamentaux du chien, j’évalue son caractère et j’identifie les objectifs pour mettre en place un programme éducatif sur-mesure.
A la fin de ce bilan, je vais pouvoir déterminer si nous devons traiter un problème comportemental ou si nous devons partir sur un parcours éducatif. A partir de là, je mets en place un forfait de cinq heures ou de dix heures de cours individuel. Pendant ce temps de travail, je vais apprendre aux membres de la famille les réponses qu’il faut avoir par rapport au comportement du chien. Mon travail n’est pas d’éduquer le chien mais d’apporter à la famille des outils sur-mesure pour que tout fonctionne.
En parallèle, vous proposez aussi un service de pension canine à l’Eden des Maurettes ?
Il y avait une réelle demande à Istres et aux alentours. D’ailleurs mes plannings le prouvent : ma capacité d’accueil étant limitée à neuf chiens, les hébergements sont très vite complets pendant les vacances scolaires.
Ma vision de la pension canine, c’est d’offrir une colonie de vacances pour les chiens ! J’attache donc une forte importance à créer une réelle harmonie entre tous les chiens que j’accueille. Avec mon regard d’éducateur, j’analyse leur caractère afin de créer des groupes cohérents : y a-t-il des chiens sociables ou plutôt craintifs, dynamiques ou plutôt paresseux ? Il faut trouver le juste équilibre afin qu’il y est une bonne entente dans les différents groupes de pensionnaires.
Sur plus de 4000 m², j’ai plusieurs parcs de détente à disposition où je vais dispatcher les groupes en fonction de leur caractère. Les chiens vont pouvoir jouer, courir, se dépenser en toute sécurité.
Pour les moments de repos et la nuit, chaque chien dispose de son propre box où il retrouvera toutes ses affaires : panier, jouets et doudous si nécessaire. Il faut qu’il se sente comme chez lui ! Je propose également de grands boxes où je peux accueillir deux chiens de la même famille.
Pour les personnes qui le désirent, je peux coupler la période d’hébergement à des temps d’éducation canine. En fonction des problématiques identifiées je propose des prestations complémentaires : du travail de sociabilisation, de l’éducation de base ou de la balade en pinède.
Vous parlez d’une superficie de plus de 4000 m². Quels ont été les investissements liés à votre installation ?
En effet, j’ai la chance d’avoir un très bel espace de travail ! C’est le terrain idéal : en pleine campagne, boisé et ombragé. J’ai pu le diviser en plusieurs zones : l’espace d’accueil, la pension, les parcs de détente, l’aire pour les cours collectifs et une zone privée pour mes temps de pause en journée et mes permanences la nuit. Les terrains locatifs sont de plus en plus rares, j’ai eu l’opportunité d’obtenir celui-ci grâce à la mairie d’Istres.
En termes d’investissement, le plus couteux a été l’achat des deux bungalows, des neuf boxes et la réalisation des clôtures pour délimiter les différents espaces des 4000 m². Pour une question de sécurité (il ne faut pas que les chiens puissent creuser et passer en dessous des barrières), celles-ci sont enterrées à 40 cm. J’ai dû faire appel à une entreprise spécialisée pour la réalisation de ces travaux, c’était un investissement important.
Initiative Ouest Provence m’a accompagné dans la réalisation de mon prévisionnel sur trois ans et m’a permis de financer ces différents projets en m’accordant un prêt d’honneur à taux zéro. J’ai également participé à des ateliers de formations sur les réseaux sociaux pour optimiser mon compte Facebook et être plus visible sur Internet.
Vous êtes également bénévole chez Acadia. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La mission première d'Acadia est d'améliorer le quotidien des enfants malades du diabète de type 1 en leur rendant la vie la plus facile et agréable possible en utilisant les capacités olfactives et de médiation des chiens. En tant qu’éducateur canin, j’ai voulu épouser cette cause. Aujourd’hui, je fais partie des dix éducateurs français qui travaillent pour Acadia.
J’accueille des chiens pour leur apprendre à détecter les variations de glycémie et notamment les crises d’hyper ou d’hypoglycémies. De jour comme de nuit, le chien entraîné permet d’éviter la survenue d’une telle crise en la détectant assez tôt et en alertant l’utilisateur ou ses proches. Les jeunes diabétiques sont accompagnés pour mieux vivre et leur compagnon à quatre pattes leur fait souvent oublier ce quotidien difficile… L’arrivée d’un chien dans une famille est toujours un véritable soulagement.
En ce moment, c’est Shadow une jeune femelle labrador croisée golden de deux ans qui suit le programme de sélection pour devenir chien d’assistance médicale. Pendant son parcours, je vais apprendre à Shadow à détecter l’odeur de l’hypoglycémie et à suivre l’enfant dans son quotidien : école, magasin, restaurant, cinéma, activité extrascolaire, etc. : avec sa cape et sa carte, Shadow sera en mesure de suivre l’enfant n’importe où.
J’ai eu la chance de recevoir les conseils avisés de Jennifer Cattet, éducatrice canine depuis plus de trente ans, une référence dans son domaine. Elle a collaboré dans une série de recherches sur les capacités des chiens à détecter olfactivement les baisses du taux de glucose des patients et partage son expérience et ses techniques éprouvées pour éduquer des chiens de refuge en tant que chiens d’assistance aux personnes diabétiques avec sa société Medical Mutts basée à Indianapolis aux USA.
Entre les cours d’éducation canine, la pension et Acadia, vos journées sont bien remplies. Avez-vous d’autres projets en perspective ?
Cette entreprise, je la développe en famille : ma fille est également auto-entrepreneuse en tant qu’éducatrice canine et nous avons de nombreux projets en commun. De son côté, elle envisage de développer des cours collectifs. Nous avons un bel espace qui sera dédié à cette activité à l’Eden des Maurettes.
Nous voulons aussi élargir notre offre de formations en proposant par exemple des cours d’agility, de mantrailing, d’initiation au cavage et au pistage. Nous nous étonnerons toujours des capacités olfactives des chiens alors profitons-en pour créer des moments ludiques de partage entre le chien et l’homme !
L’Eden des Maurettes
Chemin des Maurettes, 13800 Istres
06 26 02 22 86
Crédit photo : Ludivine Rambaud
